Bobeauf' : n.m. fam. prononcer bobof'
Les effets pervers de la crise ne se
comptent plus.
Parmi les drames économiques sociaux
et humains, il y a la prolifération d'espèces nouvelles, fruits de
mutations saugrenues que l'on peut toutefois expliquer
rationnellement.
Ainsi, cette race nouvelle repose sur
le mariage arrangé de deux écoles de vie : le Bobo et le
Beauf.
Une fusion qui s'est opérée dans le
contexte du chaos spécifique à la crise initiée par
les subprimes en 2006.
En effet, toutes les deux blessées au
portefeuille et vacillant sur la même anxiété, ces écoles ont
communié dans une certaine reprise de la conscience de classe.
Conscience qui bien sûr comporte son lot de complexe fondamentaux.
Celui d'être un intello privilégié pour le bobo et celui d'être
un inculte sans goût pour le beauf. Un soigneux mélange des genres
a permis un hybride viable dans les sables mouvants du 21ème siècle.
En termes d'exemple, le bobeauf' natif bobo regarde Secret Story au
second degré et Canal+ (notion fondamentale du bobeauf) et le
bobeauf' natif beauf' regarde Canal+ aussi mais au delà du porno et
du foot.
Cette espèce a son propre langage où
bougnoule et bonniche sont des termes fréquents mais
là aussi, au second degré. Nous noterons au passage l'absence
récurrente de femmes de ménage et d'arabes au sein des cercles
bobeaufs. Le bobeauf' donne des prénoms exotico-bretons a ses
rejetons, fume du hakik mais méprise totalement les utopistes 68ards
avinés. Il ne donne rien aux mendiants, mais se fait exonérer ses
dons à MSF sur sa feuille d'impôt.
Son parcours évolutif rappelle celui
du hipster, mais ne nous y trompons pas. Le bobeauf' tient à rester
discret tout en gardant secrètes ses origines véritables. Son
apparence est commune, le rapport qualité/prix mène la barque d'une
panoplie sobre, pratique et élégante, teintée de clins d'oeil a
ses voyages passés et à venir.
Pour se permettre ses abjections de
buvette, le bobeauf' a envahi les syndicats d'instituteurs,
éducateurs sportifs, artistes et autres profession dont les bonnes
intentions ne sont plus à prouver.
Opiniâtre et militant, le bobeauf' a
souvent compris ce que tu n'as pas compris, fait ce que tu n'a pas
fait et t'intime souvent d'arrêter tes conneries pour laisser la
place aux siennes.